La première fois que je l’ai emmené sur cette île, il avait 4 ans. Il ne s’en souvient pas. Mais je crois que tous les voyages restent gravés dans nos mémoires, quelque part, que cela influence notre caractère, notre vision du monde, notre curiosité, notre ouverture sur les autres, notre respect de la différence...

Depuis, il a vu d’autres lieux du monde tous différents, avec des hommes et des femmes tous différents, et surtout tous riches de ces différences.
Ici, il apprend l’Asie. L’an prochain sûrement, nous les emmènerons vers les montagnes du Laos que j’aime tant, dans les prisons des Kmers du Cambodge apprendre les atrocités des régimes d’antan parce qu’on ne construit bien l’avenir qu’en connaissant le passé, vers ce delta du Mékong découvert quand j’avais 20 ans avec la paye de mon premier job d’été et où je rêve, depuis, de retourner. Vers tous ces endroits que j’ai découvert depuis et aimé bien avant sa naissance ; je m’étais promis un jour d’y d’emmener mon fils.
Je sais que nous avons de la chance. Qu’il a de la chance. Nos voyages sont notre folie. Je n’aime pas les bijoux ou les grands restaus. Juste les voyages.
Je fais tout pour lui transmettre ce goût de l’autre et du monde.
Il est curieux de tout, de cette culture, des gens, de cette magnifique religion, des temples, des rizières, de l’anglais dont il apprend chaque jour quelques mots avec gourmandise.
Et moi je le regarde grandir, découvrir, sourire, vivre et avoir petit à petit ce goût de découvrir le monde.
Et cela me remplit d’un bonheur indéfinissable.