Jour 1 
"Mesdames et Messieurs, nous venons d'atterrir à l'aéroport JFK, la température est de 19 degrés, le ciel est dégagé. Nous vous souhaitons un très bon séjour à New-York."
Quatre heures plus tard, on passait enfin la douane après avoir attendu des heures dans des queues qui n'en finissaient plus. On a relativisé. On était arrivé à New-York bordel. Quand même, 4 heures...
4 heures plus tard donc, on a fini par récupérer nos valises un peu crevés mais tellement heureux. Il était 22:30 ici. 4 heures du mat en France. J'ai dit à Milo "Tu n'as pas le droit de t'endormir, pas maintenant. Tu peux rater des trucs dans la vie. Mais pas ça..."
Le mec, un indien, conduisait comme un dingue mais on s'en foutait. Nous, on regardait la skyline de Manhattan apparaître petit à petit dans la nuit. On a reconnu le Crysler, le Rockeffeler, l'Empire. Je lui raconté que je venais de lire que la pointe dressée du dernier avait été imaginée pour permettre à des ballons dirigeables d'accoster. Dans les années 30. Les années folles. Cette ville était déjà folle. C'est dans ses gènes, histoire d'une terre qui a accueilli tant de rêves et d'espoirs de migrants blancs ou noirs qui se sont dit que tout était possible en arrivant ici.
Moi aussi, je me dis que tout est possible.
On est arrivé devant l'hôtel M. je ne sais pas encore, comment mais sans accident. On est monté dans l'ascenseur. J'ai dit à Milo "Où est ton sac à dos?"
J'ai rappelé l'Indien qui avait déjà retraversé la ville et qui hurlait "hôtel name M'dame? Hôtel name? Ok. I call you back.
But when?
Dont know. 2 or 3 am..."
Le mec s'était barré en soirée.
Je me suis dit qu'il n'y avait qu'ici qu'un mec pouvait te rapporter ton sac à 3 heures du mat et trouver ça normal.
On est descendu sur Time square, il était presque minuit. La folie d'un lieu. Tout brillait. Les yeux de Milo aussi. On a vu le Mac do. J'ai regardé sa bouille crevée. On s'est assis. 
Trois jeunes sont entrés, débardeurs à paillettes, crâne à moitié rasé, grosses chaussures noires aux pieds.
Je lui ai dit "Ils sont dingues."
"Ils sont pas dingues maman, ils ont juste un flow de ouf."
Voilà. Il est piqué.