J'ai toujours aimé les aéroports. Comme s'ils promettaient toujours un nouveau départ, un je ne sais quoi vers un truc inconnu, imprévu. Comme si tu ne savais jamais ce qui t'attend à l'arrivée. Une porte ouverte sur mille autres vies, autres possibles, autres histoires à inventer.
J'ai toujours aimé prendre l'avion. Tu regardes par le hublot, tu laisses ton esprit vagabonder et dessiner ta vie. C'était quand la dernière fois que tu as essayé? Laisser tes yeux dans le vague et ton esprit imaginer demain. Ça ressemblait à quoi dis? Tu l'as noté dans un carnet pour ne pas la perdre une fois que tu aurais atterri? Ta vie rêvée à inventer.
Je décolle pour Stockholm. Pour 24 heures. Je décolle pour Stockholm sans le numéro de Jude Law. On ne peut plus compter sur personne...
J'ai toujours aimé les traditions. Les petits cailloux que tu poses le long du chemin comme pour te retrouver toi-même même ailleurs. Acheter un rouge à lèvres au Duty Free d'Orly. Seules celles qui savent savent. Celles de la première heures, de la vie d'avant, avant les masques.
Il y a des gestes anodins qui deviennent, après les deux années que l'on vient de passer, particuliers. 
Mettre du rouge à lèvres. Le montrer.
Comme une victoire pour la vie, sur la maladie, sur la folie de ces années masquées.
Il faut réapprendre à vivre. A s'embrasser. A s'enlacer. "Tu fais la bise toi? Non faut pas exagérer...Tu checkes?"
Depuis quand un geste le poing serré remplace des lèvres sur la joue d'un être aimé.
J'ai dit à Milo "Tu peux enlever ton masque". Il m'a dit "C'est bon je le garde."
Je me suis fâchée. Il faut leur rappeler combien on s'est battu pour pouvoir enfin les enlever. Pour pouvoir enfin respirer. Se souviennent-ils seulement nos enfants de comment c'était avant...
Il faut reprendre l'avion pour laisser son esprit vagabonder. Il faut partir ailleurs, plus que jamais, construire des ponts entre les cultures, retrouver la curiosité des autres, emmener nos mômes pour leur redonner le goût du monde.
Il faut enlever les masques. Recommencer à s'embrasser.
Et il faut aller manifester pour l'Ukraine.
Il est lourd l'air du temps. Mais il y a des fondamentaux qui se baladent à attraper.
#takeoff.