J'ai passé la journée à rêver.
Partout, devant chaque devanture de boutique à louer. Je me suis arrêtée à chaque fois, j'ai regardé, imaginé.
Jamais, je n'ai appelé pour connaître le montant du loyer. Je n'avais pas envie, tout de suite, que quelqu'un me ramène vers la réalité. Je n'avais pas envie, tout de suite, d'arrêter d'imaginer.
J'ai passé la journée à rêver. Et à m'arrêter devant chaque local à louer. Sur la cinquième, à Soho, sur Broadway. A chaque fois que je voyais un local abandonné.
Tous les 100 mètres donc.
Puisque tous les 100 mètres à New-York, il y a une boutique à louer.
J'ai passé la journée à rêver et à marcher. Je n'ai pas croisé une boutique de déco à part les traditionnelles, installées, celles que tout le monde connaît.
Je suis rentrée, j'ai fait le tour, et quand j'en suis sortie, je rêvais encore plus fort.
J'ai dit à Milo si on veut venir vivre ici, il va falloir faire quelque chose avec l'anglais parce qu'en France on a l'impression de se balader et ici, on comprend même pas quand le mec nous dit que la poubelle est juste derrière pour jeter un verre...
J'ai passé la journée à rêver. 
Et je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'un jour, à force de le voir dans ma tête, ce M. accroché sur une façade de Manhattan, ça deviendra la réalité.
Faut juste que je trouve un investisseur.
Un détail. 
Ça tient quand même à pas grand chose, parfois, le bonheur...